Montpellier 4020 : « la ville n’est pas une marchandise »

Un projet collectif d’alternative à la « ville marchande »

Le collectif Montpellier 4020 a tenu sa deuxième réunion publique, le 12 septembre 2013 à la Brasserie du Dôme (Montpellier), en présence d’une cinquantaine de personnes. Sa première réunion s’était déroulée le 27 juin.

(Une nouvelle réunion a eu lieu le 8 novembre : voir plus bas)

Mis en place à l’initiative de « chercheurs » (plusieurs universitaires, géographes, urbanistes, architectes et aussi des étudiants dans ces disciplines) et d’habitants, ce collectif s’est constitué en réaction à l’attitude des élus (notamment municipalité de Montpellier et communauté d’Agglomération) qu’il conteste à plusieurs points de vue. L’appellation « Montpellier 4020 » est une allusion directe au projet urbain de la municipalité de Montpellier, « Montpellier 2040 ».
Sur son site (montpellier4020@wordpress.com), le collectif s’élève contre « les grands projets inutiles, chers et inhumains » qui, malgré les discours de consensus, répondent à « un vrai choix politique », celui d’une politique libérale « soumise aux marchés financiers ».
Montpellier 4020 affirme vouloir travailler à « un contre-projet populaire », afin que « les habitants et citoyens élaborent eux-mêmes leur ville d’aujourd’hui et les projets de demain. »

P1040080 2 2

« Un contre-projet populaire »

Le 12 septembre, en ouverture des débats, l’un des membres fondateurs du collectif, a expliqué la démarche.
Il s’agit de « bâtir un projet alternatif à la ville marchande, orientée vers la marchandisation, pas toujours respectueuse de sa composition sociale et des défis écologiques. » Pour le collectif, « il y a plus d’intelligence chez ceux qui vivent la ville » que chez les technocrates. Et les élus sont à l’origine d’un « déni démocratique évident, à Montpellier comme ailleurs, sur les grands enjeux économiques, sociaux, culturels ». Ces mêmes élus s’appuient « sur une expertise rémunérée… » et les grands choix « ne sont plus débattus (…). L’expertise technique a pris le pas sur la pluralité des regards. »
D’où la nécessité, pour Montpellier 4020, de « remettre la ville en politique. »
Comment Montpellier 4020 compte-t-il procéder ? En travaillant, très concrètement et dans l’immédiat, à la production d’un projet collectif (et non pas élaboré « à la place des gens ») qui se traduira par :
. un document de référence par enjeux
. une plaquette de communication
. un plan media visant à diffuser ses propositions

Montpellier, miroir aux alouettes ?

Lors de cette réunion du 12 septembre, un tour de table a suivi cette présentation liminaire. Il a montré la diversité des participants et, pour nombre d’entre eux, leur engagement dans la vie locale : membres du Collectif tramway, d’Eau Secours 34, de l’association du Parc Montcalm, citoyens mobilisés autour du projet de gare TGV, comité de quartier CléRonDeGambe (Clémenceau-Rondelet-Gambetta…), membres du Parti de Gauche, du NPA, et habitants de Montpellier tout simplement.
On est ensuite passés à la définition de grands sujets de travail.
Sont ressorties diverses préoccupations : le choix entre croissance démographique centrée sur Montpellier ou maillage des territoires ; le logement ; les Zac ; le modèle économique, le type d’activité, l’emploi… Le tout très souvent teinté de préoccupation sociale. Des constats ont été rappelés : 70% de la population de Montpellier, comme de l’Hérault, est éligible au logement social ; les nouveaux arrivants viennent au soleil et, faute d’emploi, repartent souvent…
La question de la mixité sociale a donné lieu à un débat fourni sur sa définition et les objectifs que l’on peut avoir en la matière. La mixité sociale est-ce juxtaposer, dans un nouveau quartier, des immeubles abritant chacun un type de population (du point de vue du niveau de vie) ? Peut-on dire qu’il y a mixité sociale par exemple sur le marché de Figuerolles, où l’on rencontre des « bobos », des personnes d’origine maghrébine, et d’autres personnes, sans que les uns et les autres se rencontrent vraiment ? Un débat qui justifiera certainement un approfondissement.
Autre sujet de débat, les espaces verts : que peut-on souhaiter en matière d’espaces verts ? Pour une participante, il est important, en ville, d’entendre chanter les oiseaux. Un autre intervenant fait remarquer que, plus que la densité d’espaces verts dans une ville, c’est leur accessibilité qui compte. Autre réflexion : un rond point « végétalisé » est-il vraiment un espace vert ?
Une réunion riche, qui donnera lieu à compte rendu par le collectif. Et qui sera rapidement suivie de nouvelles réunions pour avancer dans les objectifs évoqués et l’élaboration d’un projet pour Montpellier… avant 4020.

Philippe Cazal

Plus de renseignements : montpellier4020@wordpress.com

P1040073 2 2

Entre La Martelle et l’Avenue de Lodève, la verdure est bien présente. Qu’est-ce qu’un espace vert ? Ceux que l’on voit ne sont pas forcément accessibles à tout le monde.

Ni politique partisane ni apolitisme

A quelques mois des municipales, une question vient à l’esprit : une telle initiative est-elle sous-tendue par une arrière-pensée politique de soutien à un candidat ? Il n’en est rien : le collectif s’affirme indépendant de tout parti politique, tout en se disant conscient du fait que les sujets auxquels il s’intéresse sont politiques : il veut « remettre la ville en politique ».
Bien sûr la période pré-électorale est un bon moment pour participer aux débats qui ne manqueront pas de surgir, sinon pour les susciter.
Par ailleurs, les membres fondateurs du collectif soulignent leur volonté de ne pas se mettre en avant individuellement.

Un défi : le projet populaire

Faire en sorte qu’un projet soit réellement le reflet d’une volonté « populaire » est un véritable défi. La dernière réunion du collectif a montré une réelle volonté de débat et d’ouverture à tous les avis et de travail en commun avec les différents collectifs et associations actifs à Montpellier.
Débattre à cinquante personnes, ce n’est pas toujours facile mais on y arrive, la preuve. Si le cercle des participants aux réunions devait s’agrandir, le débat serait peut-être plus laborieux.
Pourtant, la légitimité populaire de cette initiative n’en sera que plus forte si elle est suivie par un nombre important de participants et pas seulement par un groupe de personnes spécialisées dans les sujets traités, si grande que soit leur volonté d’ouverture.
Certes, dire cela est facile, le réaliser est un rude défi tant notre société est peu habituée à débattre collectivement des grands et petits choix « politiques », c’est-à-dire ceux de la vie quotidienne. Il faut bien commencer un jour…

Ph.C.